Voisins D'en Face
- kimberleyjunod
- 8 juil. 2020
- 40 min de lecture
Chapitre 1
« Mon nom est Lili Tindall, je suis américaine mais je parle très bien français. Être cameraman dans le journal de 20h, serait pour moi, une grande opportunité et une chance unique (…) Je vous remercie d’avoir considéré ma demande »
Voici une partie de ma lettre de motivation, que j’écris et que je modifie à chaque fois car soit les gens ont peur de ma nationalité, ou juste parce que mon voisin d’en face, Thomas, me déconcentre.
Mes parents ont une grande confiance en moi, et dans ce que je suis capable de faire, ils m’ont tous payés pour la France : mon logement, la nourriture etc.
J’avais un travail quand je suis arrivé ici, c’est-à-dire il y a environ 6 mois, mais l’émission c’est terminé suite à une mauvaise audience, du coup je me suis retrouvée sans rien et je passe mon temps, à présent, à chercher du travail, et ce mois de février 2020 allait me donner ce que je cherchais depuis longtemps.
Mon petit copain, Jeff, qui vit avec moi, travail comme rédacteur pour le journal du 20h et des fois pour le Président de la République, c’est d’ailleurs lui qui m’a conseillé de faire ma demande de travail à la chaîne TF1, et il avait raison, car je me suis tout de suite fait prendre.
Lorsque j’ai reçu ma réponse, j’étais si heureuse que j’ai fait la fête avec Jeff, sauf qu’encore une fois ce cher voisin toxico a tout gâcher, en appelant la police car d’après lui nous faisions trop de bruit.
Enfin bref, ce tout nouveau travail, annonçait pour moi un grand pas dans ma carrière de caméraman.
Mon réveil sonna à six heures, je me levai, fit mon sport, me doucha, mangea puis me prépara, le tout avec une bonne musique pour me motiver.
Alors que je chantais du BigFlo et Oli pour me déstresser, j’entendit un son bizarre derrière moi, comme-ci quelqu’un tapait sur ma fenêtre, et c’était bien le cas, Thomas balançais des petits cailloux sur ma fenêtre pour que j’arrête de trop montrer, je cite « ma joie de vivre » car je le déconcentrais !
Après ce malheureux incident, je me rendis au travail, rejoindre Jeff qui devait y être plus tôt. Je ne pouvais m’empêcher d’être reconnaissante de cette chance unique que j’avais reçu, et je ne pouvais m’empêcher de remercier Dieu.
Tandis que j’arrivais au bureau, et que j’eu récupéré mon badge, je contemplais autour de moi, j’admirais ces hommes et ces femmes qui nous donnaient de l’info et du divertissement au quotidien. Ma place était là, je le sentais au plus profond de mon être, je le savais : « Ça y’est Papa et Maman, j’y suis »
Les premières heures furent remplies de conseils de mes aînées, et de préparation.
3,2,1 jingle du 20h et plan sur le journaliste, c’était mon moment.
Les semaines passèrent, puis mon premier mois, je n’en revenais pas. Mes journées étaient certes, répétitives, mais pleines d’apprentissages. J’avais enfin trouvé ma place, des amis de travail, et un parfait équilibre à ma vie avec en bonus un petit copain géniale, qui me poussait à aller encore plus loin. Le seul qui arrivait à m’enlever cette joie c’était mon voisin d’en face, c’est pour cela que j’ai pris la décision de fermer mes rideaux à vie et de ne plus aller sur mon balcon, pour ne plus voir sa tête.
C’était décider, plus rien n’allait me faire douter de mes compétences, sachant qu’en plus Monsieur Le Président Emmanuel Macron donnera un discours ce jeudi 12 mars sur l’actualité d’un virus, et c’est moi qui aurais l’honneur de tenir la caméra, et ce sera Jeff qui écrira son discours en direct à la télé.
Ce poste est un grand pas dans ma carrière, mais pas seulement, cela prouve également que la chaîne TF1 a entièrement confiance en moi.
Il est enfin 20h, en fond le jingle de l’hymne national, on montre l’Élysée, et Bam plan fixe sur le Président. Bien qu’il eût l’air assez ferme, tout était parfait enfin pour moi, mais ces annonces étaient un peu déplaisantes :
« Le COVID-19 est la plus grave crise sanitaire qu'ait connu la France depuis un siècle. (…) Protéger les plus vulnérables d’abord. (…) Les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités seront fermés. (…) La France unie, c’est notre meilleur atout dans la période troublée que nous traversons. Nous tiendrons tous ensemble. »
Le discours se termina, nous rangeâmes tous le matériel et nous rentrâmes chez nous.
Ce soir-même sur le canapé, Jeff pleurais car il s’était complètement planté dans l’écriture du discours en direct et il se plaignait de tout ce que les gens mettaient sur tweeter et sur Instagram par rapport à son échec.
Le samedi qui suivit, le premier ministre annonça la fermeture de tout ce qui est « indispensable à la nation » et le 16 mars, le Président repris la parole, et c’était encore à moi de filmer et à Jeff d’écrire le discours en direct.
Alors que le Président annonçait que nous étions en guerre et que la France serait en total confinement, je ne pouvais m’empêcher de ce que j’allais devenir : est-ce que je devrais retourner auprès de mes parents, ou rester auprès de Jeff avec Thomas comme voisin pendant plusieurs semaines ? je ne savais que faire, mais après mure et mure réflexion je décida de rester dans mon appartement, de toute façon le confinement ne va pas durer si longtemps, si ?
Tandis que Jeff se faisait tout le temps contacter pour venir travailler, moi j’étais sur la touche, personne ne me contactait, je restais là, seule dans mon appart, avec comme seule moyen de sortir mon balcon, mais un voisin insupportable qui m’en empêchait.
Après trois jours, Jeff décida de ne plus venir pour éviter de me contaminer, s’il attrapait le virus, et moi je passais désormais en Chômage partiel, au début je le prenais assez mal de ne pas me faire contacter, mais enfaite d’être payé sans travailler c’est plutôt chouette, en plus pas de télétravail, je pouvais enfin profiter de rester en pyjama toute la journée et regarder des séries, des films et manger comme je veux.
Les premiers jours étaient plutôt sympas, je m’amusais bien et je profitais bien, mais je commençais à devenir folle ! Parler a des gens, sortir me manquait beaucoup, je commençais même à me parler à moi-même.
Que font les gens lorsqu’ils s’ennuient ? ils regardent des télé-réalités, et heureusement pour moi, Netflix en avait plein en stock, mais celle qui me donnait envie, c’était The Circle Game. En regardant cette émission je me suis rendue compte d’une chose, je ne connais pas mes voisins, enfin à part Thomas. J’ai emménagé ici il y a peu de temps et j’étais tellement concentrer sur mon travail, que je n’ai pas pris le temps de les connaître.
J’ouvris mes rideaux, me mit sur le balcon, et tandis que Thomas me fixait se demandant sans doute ce que je fichais là, j’observais autour de moi pour savoir qui habitait près de chez moi, mieux vaut tard que jamais pour apprendre à connaître ces voisins, n’est-ce pas ?
Pensant que je devais faire de gros efforts et préparer tout un plan pour pouvoir parler à mes voisins, le confinement l’avais fait pour moi. Je me suis rendu compte qu’on était tous dans le même bateau, et que pour pouvoir s’en sortir il fallait rester souder, être un peuple uni, et cela se sentait déjà sur nos balcons.
Alors que le contact se faisais petit-à-petit, je faisais des rencontres surprenantes : juste à côté de chez moi, il y a un jeune couple : Marc et Lucie qui sont adorables et qui attendent leur premier enfant. Ensuite il y a la famille Michon, les enfants font beaucoup de bruit, mais qu’est-ce qu’on rigole bien !
En parlant de rigoler, j’ai découvert qu’à part Thomas, il y a eu d’autres jeunes adultes de mon âge : ils sont géniaux, et ça fait du bien de parler avec des personnes de son âge, qui ont un peu près la même expérience que toi, mais malheureusement ils ne sont pas restés très longtemps, car ils sont retournés chez leur parents.
Je connaissais un peu près tout le monde, et je les appréciais tous, car ils étaient différents des uns des autres : Mr Depardieu qui se fait des apéros à toute heure ; Fanny et Mia les jumelles bloggeuse ; Marie et Franck un couple discret ; Bruno et son barbecue ; mais ma préférée est Mamie Jiji.
Mamie Jiji est la personne la plus adorable que je connaisse, et je ne dis pas ça parce que c’est une grand-mère, mais bien parce qu’elle est géniale. Elle sait et connaît tout, rien ne peut lui être cacher.
Mes voisins sont géniaux, ils ont tous quelque chose de spéciale, ils sont différents des uns des autres, mais ils sont drôles à leurs manières, je ne pouvais m’empêcher de les filmer et de les prendre en photos. Je ne voulais pas oublier ces moments.
Tandis que j’apprenais a connaître mes voisins, au fur et à mesure des heures, au fur et à mesure des jours, je me suis rendu compte que tous connaissaient et aimais beaucoup Thomas.
Pensant que je connaissais au moins un de mes voisins, je ne le connaissais pas.
Chapitre 2
Mes journées se ressemblaient assez, mais je n’ai jamais autant rigolé de ma vie, je crois que je me suis fait des abdos juste en rigolant.
Je voulais garder un rythme, pour éviter de devenir folle, je me levais un peu plus tard, mais je faisais toujours mon sport, la cuisine, le ménage, puis je découvrais un nouveau talent chaque jours, grâce à mes voisins : les barbecues avec Bruno, les apéros avec Mr Depardieu, même si je ne bois d’alcool, faire des photos avec Fanny et Mia ; ou grâce à YouTube : la peinture, la musique, la danse. Je n’attendais plus d’appel du travail, car de tout façon, j’étais payé.
Tous les soirs, a 20 heures, nous nous réunissions sur nos balcons, pour applaudir les infirmiers, les médecins, toutes les personnes qui travaillaient pour le bien de la nation.
Voyant l’état dans lequel était les États-Unis et l’ignorance qui y régnait, je me sentais reconnaissante et bénie d’être en France, en ce moment présent.
Les journées étaient de plus en plus chaudes, et les réunions sur nos balcons se faisaient de plus en plus : on s’amusait à visiter tous ensemble le musée du Louvre, à cuisiner avec Cyril Lignac tous les soirs sur M6, puis à manger tous ensemble. Nous faisions des batailles d’eau à travers nos balcons, c’était peut-être dangereux, mais c’était si bien. On mettait la musique à fond et tout le monde chantaient et dansaient.
Même si certains se plaignait du confinement, nous, nous le passions plutôt bien. Je crois que je n’ai jamais passer autant de temps dehors, que maintenant !
Un soir, alors que je lisais tranquillement mon bouquin, j’aperçu Thomas sur son balcon. Je n’osais pas lui dire bonjour, car j’étais persuader qu’il ne m’aimait pas, mais du coin de l’œil, je voyais qu’il bougeait la tête en regardant vers mon côté, comme-ci, il vérifiait si c’était bien moi sur mon balcon, puis j’entendis un sifflement :
« Salut, l’américaine »
Je trouvais cela bizarre qu’il me dise salut, mais il venait vraiment de me siffler ?! alors sous un ton ferme je lui répondis :
« Tu viens de me siffler ? »
Il me répondit en rigolant :
« - oui, mais ne le prend pas personnellement
- Pas personnellement ? pourquoi je le prendrais personnellement ?
- Je sais tu m’as l’air un peu…. Susceptible
- Je ne suis pas susceptible, je n’aime juste pas qu’on m’appelle comme-ci j’étais un chien ! lui dis – je d’un ton hautain
- Excuse-moi, c’était malpoli de ma part. Je suis désolé. D’un ton sarcastique
- Allez c’est bon retourne avec ta weed, ta cigarette et laisse-moi
- Ma weed ? dit-il surpris, Cher américaine je ne fume pas
- Tu me prends pour une abruti ? tu as tous le temps une cigarette dans ta bouche
- Oui c’est vrai tu es UNE ABRUTI, et oui j’en ai toujours dans ma bouche, mais c’est des fausses
- Des fausses ?
- Ouais
- Pourquoi, je ne pouvais m’empêcher de rigoler, pourquoi des fausses ? ahhh j’ai compris c’est pour te faire accepter par les autres parce que tu n’as pas d’amis, pauvre chou. Lui répondis-je en lui imitant un bébé qui boude
- Wow la maturité… tous les américains sont comme ça ou, il se stoppa me dévisageât, c’est juste toi ?
- HAHAHAH, mais t’es hilarant, et toi tous les français sont comme ça ou c’est juste toi ?
- Je pense que tous les français devraient être comme moi
- Ah ouais. D’un ton moqueur
- Ouais regarde-moi, je suis le parfait cliché français, je suis tout maigre, tout blanc, je m’habille bien, je suis beau, charmeur et mystérieux, mais je suis aussi ce qu’on qualifierait d’artiste.
- Et bah, ça va tes chevilles ?
- Très bien, je peux marcher regarde, je peux courir et je peux sauter, un vrai sportif t’as vu ça ?
- Hahahah et après c’est moi l’immature unh ?
Il y eut quelques secondes de blanc puis je lui demandais, curieuse :
- Non mais vraiment, elles te servent à quoi tes fausses clopes ?
- Tu veux vraiment savoir ?
- Oui !
- T’es sur ? insistât-il
- Oui !
- Très bien, il soupira, les gens me prennent déjà pour quelqu’un de bizarre, alors si en plus de ça je fume de la weed, des joints, ils me laissent tranquille
- Attend-tend-tend tu fais, tu fais juste ça pour que les gens évitent de te parler ? lui répondis-je étonnée
- Et oui !
- Ah d’accord. T’est vraiment bizarre
- Je sais, dit-il en rigolant
- Mais attend, ici pourtant, tout le monde te parle et t’adorent ?
- Et ? Bah quoi ?
- Bah, tu veux parler a personne ?
- Bah les voisins sa compte pas, parce que je les adore, et eux savent depuis toujours que je ne fume pas, y’a que toi qui vient de le découvrir
- Ah ! mais je ne te comprends pas, tu viens de me dire que t’aimes pas les gens et que c’était pour cette raison que tu te comportais comme ça, en le relookant
- Oui je fais des tries, je ne veux pas que des gens comme… comment dire des gens comme… comme toi me parlent. Puis il rigola
- Comme moi ? d’accord tu sais quoi je vais aller me coucher, je suis fatigué
- ATTEND, cria-t-il, essaie de me comprendre, une fille comme toi, avec une voix aussi agaçante que la tienne, qui chante, enfin chantais tous les matins à 6 heures du mat, c’est assez énervant ! et après t’as envie que je te parle ?
- Excuse-moi ?
- Je te pardonne ! dit-il en rigolant
- Non mais….
Alors qu’il allait rentrer chez lui, je lui hurlai :
- Je chante très bien, c’est juste que le matin je ne fais pas d’effort
- Ouais bien-sûr, faut arrêter de croire tout ce que ton copain, comment il s’appelle déjà, Jack ? Jeff ? John ? te dis, tu vis dans l’illusion ma chère
- Tu me dis juste ça parce que tu ne sais pas chanter ?
- Pardon ? je ne sais pas chanter ? je sais chanter l’américaine et très bien même, je suis un artiste t’as oublié ?
- Ah oui c’est vrai, tu fais semblant de fumer !
- D’accord tu veux jouer à ça, la maintenant compét, sur la Marseillaise, c’est dans tes cordes, l’américaine ?
- Oui, y a tout qui me vas
Et nous voilà parti sur une Battle de la marseillaise à 00h30, au milieu de tous les appartements, en face de tous nos voisins. Alors que nous hurlâmes, plutôt chantâmes, Bruno arriva de nulle part et se mit à nous menacer avec sa fourchette a barbecue.
Notre Battle se termina aussi vite qu’elle avait commencé.
Chapitre 3
Cette nuit-là, je n’arrivais pas à trouver le sommeil, je n’arrêtais pas de penser à Thomas, et au bon temps que je venais de passer à ses côtés, mais aussi parce qu’un chat n’arrêtait pas de miauler à la fenêtre de mon salon.
Je me levai, pour essayer de le virer de mon balcon, j’alluma la lumière, les yeux plissés j’ouvris la fenêtre, et comme j’avais oublié mes lunettes à mon chevet, je me rapprochai du chat pour le voir de plus près, et pour voir à qui il appartenait.
S’il était gris, c’était celui de Mr Depardieu, si c’était un bébé, c’était celui du couple discret ; mais celui-là était vieux, gros, roux et ronchon, c’était celui de Mamie Jiji.
Il venait souvent à ma fenêtre pour avoir à manger, parce que Mamie Jiji oubliais souvent de lui ouvrir la nuit.
Lorsque je lui donnai à manger, le chat ne mangeât rien, il avait l’air inquiet, il était plus ronchon que d’habitude, et il ne s’arrêtais pas de miauler. Alors je regardai du côté de Mamie Jiji, et je vis une boule de lumière vers son balcon, j’eus un très mauvais pressentiment.
Je courus chercher mes lunettes dans ma chambre, je retournai sur mon balcon, et je vis effectivement de la lumière dans l’appartement de Jiji, et sous ma grande surprise, ça fenêtre étais grande ouverte. J’appela les secours immédiatement, et je me mis à balancer des cailloux sur la fenêtre de Thomas, qui se trouvait être le voisin de Mamie Jiji.
Quelques minutes plus tard, il se réveilla, et me demanda pourquoi je le réveillais, et je lui racontai ce qu’il se passais, et que j’avais appelé les secours etc... Il me rassura, et se mit à passer sur le balcon de Mamie Jiji, et sous une grande stupeur, il la vit, au sol, inconsciente. Il essaya de la réveiller mais rien à faire, il arrivait à peine à entendre sa respiration.
Les secours arrivèrent, leurs sirènes réveilla tous les voisins, et tous les voisins se demandaient ce qu’il se passais. Ils entrèrent dans son appartement, ils prirent Mamie Jiji, et Thomas donna son numéro, pour que quand Jiji, ira mieux, l’on puisse être au courant.
Cette nuit-là, je n’arrivais pas à trouver le sommeil, j’étais assise sur mon balcon, mais au moins je n’étais pas seule. En effet, tous les voisins étaient présents.
Cela faisait déjà une heure, et on avait aucune nouvelle, Thomas n’avais reçu aucun coup de téléphone. Certains d’entre nous pleuraient, d’autres étaient perplexe.
Thomas se leva et se mit à prier, et tous le rejoignirent, malgré nos différentes cultures, nous faisions tous une même prière, pour bénir Mamie Jiji, et bénir chacun de nos cœurs.
Cette prière, devint une habitude. Tous les matins, nous priions tous ensemble, nous nous sommes même mis a jeûner, et tant qu’à faire, nous avons rejoint le jeûne mondial. Je pense que c’est dans les moments, ou tout nous semble flou, que nous mettons notre orgueil de côté, et que nous nous mettons à rechercher de l’aide, autre qu’humainement, mais divinement.
Encore une fois, même si nous avions tous des croyances différentes, nous étions tous réunis ensemble, pour bénir Mamie Jiji, mais aussi chaque personne atteinte du COVID-19, et chaque médecin.
Une prière sincère est toujours mieux que de simples applaudissements.
Après quelques jours remplis d’inquiétude, Thomas reçu un appel de l’hôpital : Mamie Jiji était en bonne santé, enfin mieux que la dernière fois. Elle pouvait rentrer, mais elle était très fragile.
A ce qu’il paraît, Mamie Jiji, ne mangeais pas assez, comme elle ne pouvait pas sortir et faire les courses, elle mangeait le strict minimum.
Elle est tombée à cause de cela ce soir-là, elle n’avait plus de force ni d’énergie. Nous nous sentions tous coupable, parce qu’aucun de nous ne l’avais remarqué, mais nous allions y remédier.
Lorsque nous eûmes tous appris la nouvelle, nous nous fixâmes un plan pour aider et prendre soin de Mamie Jiji, tout en respectant les conditions sanitaires, bien sûr.
En premier, nous préparâmes des menus, une liste de course, pour que Mamie Jiji est assez à manger.
Ensuite, je devais m’occuper du chat, comme ça, Jiji n’avais pas besoin de se lever au beau milieu de la nuit, et d’épuiser ses forces : je le nourris, le nettoie, et elle, hérite des câlins.
Puis, Thomas, s’occupait du ménage, de tout lui préparer sur un plateau.
Quelques jours plus tard, Mamie Jiji revînt, en chaise roulante, plus faible qu’auparavant. Lorsqu’elle arriva, nous l’applaudissions tous, et nous nous mirent à chanter du Goldman, juste pour elle. Elle pleura et nous remercia.
Voyant son état, l’on savait tous qu’elle n’avait plus beaucoup de temps à vivre, enfin tous sauf Thomas, il ne voulait pas y penser, il la considérait comme sa grand-mère.
Tous les matins, Thomas se levais très tôt, et se rendais chez Jiji. Il lui préparait le petit-déjeuner, avec ce que les voisins avaient acheter. Il jouait avec elle au cartes, regardais Joséphine Ange Gardien tous les après-midis, il lui faisait la manucure, et s’asseyais avec elle sur le balcon pour boire le thé et se moquer des gens qui ne respectaient pas le confinement. Puis le soir, il vérifiait si tout allais bien.
Un soir, le voyant à son balcon, je l’appelai en sifflant :
- Hey le français !
Il bougeât sa tête, me regarda, je lui fis un petit sourire, il se leva et me dit :
- Qu’est-ce que tu veux l’américaine ? d’un ton fatigué
- Rien, je, je voulais juste savoir si tu allais bien ?
- Je vais bien merci. Sa voix était cassée, comme-ci il n’avait pas dormi depuis des semaines.
Il me regarda, avec ses grands yeux fatigués et perplexe :
- Ce n’est pas pour une autre Battle, je t’ai déjà battu une fois, et là je ne suis pas d’attaque
- Quoi ? mais non, je voulais vraiment prendre de tes nouvelles, t’as pas l’air comme d’habitude, t’as l’air vraiment défoncé.
- C’est ça de s’occuper d’une personne âgée.
- C’est vrai. Mais vraiment tu vas bien ? tu as besoins de quelque chose ?
- Non c’est bon t’inquiète pas je vais bien et je n’ai besoin de rien. Je suis juste fatiguée
- Ok
Il fit demi-tour, et je lui dis très fort :
- Au cas où, c’est moi qui t’ai battu
Il me regarda, me sourit, et me dit bonne nuit, en me faisant un signe de sa main.
Ces deux dernières semaines, fût pleines d’émotions, mais ce qu’on avait fait, tous ensemble, étais juste énorme. Il y avait tant d’amour dans tout ce que nous faisions.
Le soir, je me mis à transférer toutes les vidéos et les photos que j’avais faites depuis le début du confinement sur mon ordinateur : on pouvait voir, la recette secrète d’un barbecue et d’un apéro de Mr Depardieu et de Bruno, mais aussi des photos de notre bataille d’eau, des vidéos de nos applaudissements, des photos de notre jeûne et de nos prières, des photos de nos courses pour Mamie Jiji, des vidéos de nous jetant des bombes a eau sur les gens qui se balade dans la rue, et encore plein d’autre.
Mais ma photo préférée, est celle de Mamie Jiji, accompagnée de Thomas avec leurs masques, en train d'hurler sur les gens en bas de la rue, avec leurs tasses de thé à la main.
Cette simple photo représentait si bien ce qu’était l’unité au sein d’une crise.
Chapitre 4
Selon certaines études, le mauvais temps, a un mauvais impact sur notre système nerveux, il peut nous rendre triste, dépressif, insociable, fatigué.
Nous avions passés beaucoup de temps sur nos balcons depuis le début du confinement à profiter du soleil, du beau temps, mais il était temps de laisser place au mauvais temps.
Le confinement était simple, car je voyais mes voisins et profitait du beau temps, les journées passaient vite, mais avec cette pluie et ces nuages gris tout devenaient plus long.
Plus personne ne sortait sur son balcon, car il faisait assez frisquet, enfin personne à part Thomas, qui bizarrement préférai le froid plutôt que le chaud.
Alors que j’appelais mes parents par Face Time, faisais la fête avec mes amis sur House Party, parlais avec mon petit-copain, je ne pouvais pas m’empêcher de m’ennuyer, mes voisins étaient beaucoup plus drôles, mais le problème c’est que je n’ai aucun de leur numéro de téléphone.
Ma vie, était passer à de la joie extrême et aux rires illimités, à de la tristesse et à de la solitude. Je ne voulais regarder qu’une chose L’Incroyable Famille Kardashian, mais Netflix a décidé de le sortir que le premier juin. Alors je n’avais officiellement rien pour pouvoir m’occuper.
Alors que je ne faisais rien, et que j’étais allonger la tête à l’envers sur mon canapé, je remarquai, qu’il me fallait du changement.
Mon salon était moche, il fallait que je le change, ma cuisine paraissait âgée, ma chambre n’en parle même pas, c’était le bo**el. Il me fallait du changement, le mauvais temps avait gagné sur mon mental, je devais le battre, et la seule chose qui me permettait de le battre, c’était le changement.
Je me mis à prendre en photo ce que je devais changer, pour faire un avant/après, et je me mis à faire tout un plan, pour savoir où je devais commencer, et par quoi.
Je regardai des tutos sur YouTube, et des idées sur Pinterest. Prendre des initiatives était assez nouveau pour moi et faire des travaux moi-même, n’était pas dans mes habitudes, mais je devais le faire, il allait pleuvoir toute la semaine, alors je devais faire ça en une semaine, comme dans les émissions de rénovation, sinon j’allais ressentir en moi ce mauvais impact du mauvais temps.
Je fis une liste avec tout ce dont j’avais besoin, et je me rendis à Leroy Merlin. Mon masque sur mon visage, mon gel hydro alcoolique dans ma poche, et mon souffle lent, je choisissais la peinture, la nouvelle lampe, les outils dont j’avais besoins.
Les gens présents au magasin, avait l’air de vrais pro, et moi, je comptais changer mon appartement en une semaine, alors que je n’avais jamais fait ça avant.
Lorsque j’arriva vers les appartements, Thomas m’appela depuis son balcon :
- Yo, l’américaine
Je levai la tête et lui dit :
- Yo, le français
- Tu vas faire quoi avec tout ce que tu as dans ton sac ?
- Pourquoi ça t’intéresse ?
- Je ne sais pas, je m’ennuie tellement que j’ai envie de savoir ce que tu fais de ta vie
- Eh, bah figure-toi que je m’ennuie beaucoup aussi
- Et du coup, t’as décidé de faire des courses ?
- Mais non... enfin oui, mais j’ai décidé de rénover mon appartement
- De le rénover. Ouais c’est cool, et t’as déjà fait ça avant ?
- Eh bah non, mais j’ai regardé des tutos
- Ah bah c’est bien t’as regardé des tutos, ton appartement va être magnifique alors, le plus beau de tous
- Hahaha, bah merci, d’être plein d’entrain.
- Y’a pas de quoi !
- Bon je te laisse, je dois faire des travaux
- Dacc salut
Et il partit comme-ci on n’avait jamais parlé.
Je me rendis dans mon appart, et me mis à bouger mes meubles, et à mettre des bâches partout. Je faisais tellement de bruit, que mon voisin du dessous, et mes voisins juste à côté de chez moi, venaient me voir, pour savoir si tout allais bien. Comme ils voyaient que je galérais un peu, ok beaucoup, ils se mirent à venir m’aider. Franck et Marie, Marc et Lucie, Sylvain du dessous, et même mes voisins d’en face, et Jiji qui nous apportaient des gâteaux.
Nous voilà tous réunis dans mon appartement, en train de peindre les murs de mon salon en un très beau bleu et les murs de la cuisine ainsi que les commodes en un blanc nuage, à installer ma nouvelle lampe et mes nouveaux rideaux.
Ils me faisaient écouter le meilleur de la musique française, pour que je sois une véritable française, et m’apprenais des mots que je n’avais jamais entendu auparavant.
Tous étaient présent, pour m’aider, même Thomas, qui s’était moquer de moi le jour d’avant.
Ils m’ont chacun appris leur technique de peinture, comment il fallait peindre, comment il fallait tenir le pinceau. Ils m’ont tous appris quelque chose, même si, je n’entendais, ni ne voyais, ce qu’ils me disaient, et me montraient à cause du masque.
Alors que ça faisait trois jours qu’on peignait, on en avait tous marre, alors Thomas décida de se lâcher sur mon seul beau mur blanc, et se mit à faire une bataille de peinture avec les autres.
Nous étions tous fatiguer, alors tous le suivirent, on se mettait de la peinture partout, sur nos cheveux, sur nos vêtements, mais aussi sur ce beau seul mur blanc.
Après que tous le monde soit sale, et tâcher de peinture, nous mangeâmes le gouter de Jiji, puis nous regardions ce mur, qui était anciennement blanc.
Nos têtes penchées sur la droite, puis sur la gauche, nous essayions de voir cet énorme gribouillis, qui prenait toute la place sur mon mur, anciennement blanc.
Lorsque les voisins commencèrent à partir, ils me dirent tous « Désolé », mais au fond je ne leur en voulais pas, ce gribouillis, bizarrement, présentait un certain charme à l’appartement.
Avant que Thomas parte, il me proposa de rester chez Jiji vu qu’elle avait une chambre en plus, le temps que la peinture sèche, pour que cela évite de me rendre malade, et comme ça Thomas pouvait se reposer, et moi je le remplaçais, et c’est ce que je fis. Je ne voulais pas respirer l’odeur de la peinture qui sèche, alors dormir chez Jiji le temps que les travaux soient finis était une bonne initiative.
Selon certaines études, le mauvais temps, a un mauvais impact sur notre système nerveux, il peut nous rendre triste, dépressif, insociable, fatigué.
C’était le cas, en tous cas pour moi, mais selon d’autres études, le mauvais temps peut se présenter bénéfique pour notre système nerveux, pour ça il faut être accompagnés des bonnes personnes.
Chapitre 5
J’étais devenu la nouvelle colocataire de Jiji, sa nouvelle infirmière à domicile et sa nouvelle meilleure amie.
Bien que je l’apprécie énormément, je comprenais pourquoi Thomas m’avais laissée sa place pendant quelques jours.
Avant qu’il ne me laisse chez Jiji, Thomas m’avais donnée une sorte de cahier, où il y avait marqué à l’intérieur des conseils, des recettes…
Jiji est adorable, je ne dis pas le contraire, mais c’est ma deuxième journée chez elle, et je vous avoue que ce n’étais pas la coloc de rêve que je m’étais imaginer.
Jiji est une personne âgée, qui a vécu beaucoup de chose et qui a ses habitudes bien à elle, comme par exemple regarder la télé jusqu’à pas d’heure, faire des marches nocturnes dans son appartement et murmurer lorsque quelque chose ne lui plaît pas.
Enfaite tout dépend de son humeur dès qu’elle se réveille : si elle est de bonne humeur, alors ça va être une super journée, mais si elle se réveille de mauvaise humeur c’est la fin, en tout cas c’est ce qu’à écris Thomas dans son cahier.
Malgré quelques petits points négatifs, être avec Jiji étais vraiment agréable, elle me racontait sa jeunesse, son mariage, me montrait des photos de ses enfants et de ses petits-enfants. J’apprenais à la connaître, et elle apprenait à me connaître.
Il m’arrivait de faire des vidéos type interview avec Jiji quand elle me racontait ses histoires, je lui posais les questions et elle me répondait, où je lui montrais les photos que j’avais prise depuis le début du confinement, ainsi que les vidéos, elles les adoraient, Jiji est ma plus grande fan, elle me proposa même de créer un blog et de mettre tout dessus, pour, je cite « montrer mon talent au monde entier ».
Même si on passait beaucoup de bons moments, Jiji s’introduisait beaucoup trop dans ma vie privée, ce qui me gênais beaucoup, mais dès qu’elle avait compris que j’avais un copain et que c’était du solide, elle ne m’embêta plus.
Trois jours étaient passés, et bien que j’aimais beaucoup Jiji, je n’avais qu’une hâte, retourner chez moi, dans mon appartement. Je partis assez tôt, pour ne pas déranger Jiji, je lui laissai un petit mot, pris mes affaires, et quitta l’appartement.
Lorsque j’ouvris la porte de mon appartement, je senti la bonne odeur du neuf, de la nouveauté, de la fraîcheur. Cela faisait du bien à mon âme. Je posai mon sac, et enleva le plastic sur les meubles, mis la musique à fond et me mis à faire un nettoyage complet de l’appartement.
Il y avait de la poussière, de la saleté partout, j’avais même l’impression que mes habits, la nourriture de mon frigo, mes fruits étaient pleins de poussière.
Lorsque j’enleva la poussière, je remis mes meubles en place, changea un peu, et lorsque j’eus fini, je regardai l’ensemble, et en me retournant je vis ce mur, ce vieux mur blanc, qui était devenu le mur du carnage. Il y avait du bleu, du rouge, de l’orange, et je crois que le plus fou, c’est que je n’avais pas pris de peinture orange.
A première vue, ce mur ne me plaisait pas, je le trouvais hideux, il avait l’air d’un gribouillis, dessiner là sur le seul mur blanc de l’appartement, dans mon salon. Mais en prenant un peu de recul, en penchant ma tête de gauche à droite, je me rendis compte que ce mur, malgré le fait que la peinture n’était pas très réussie, donnais du cachais à la pièce.
Je n’avais qu’une envie, acheter un nouveau meuble pour le mettre devant ce mur, pour qu’il ait l’air d’une véritable œuvre d’art.
Ce soir-là, je n’arrivais pas à trouver le sommeil, j’avais faim, mais je n’avais aucune envie de cuisiner, et je n’avais plus de pizzas ni de frites surgelées.
Je me mis alors, à regarder des vidéos sur YouTube, et surtout celle de MacFly et Carlito, puis je remarquai que Squeezie avais sorti une vidéo, quelques jours auparavant. Je me mis donc à la regarder, et bien évidemment cette vidéo était sur la cuisine. J’avais faim et ce qu’il préparait me donnait trop envie, alors je me mis à cuisiner en même temps que lui.
Je n’ai pas été déçu, ce plat était divin, je me mis sur mon canapé avec mon verre de coca à la main, et savoura ce merveilleux plat.
En observant mon appartement, je ne pouvais pas m’empêcher de fixer le mur gribouillis. Il était tard, et je n’étais pas fatiguer, alors je m’habillai avec mes plus beaux habits, me maquilla, telle une influenceuse, et pris des photos devant le mur. J’en pris avec mon plat et sans mon plat. Je me prenais grave pour une influenceuse, mais ce mur me poussait à être une influenceuse.
Je ne voyais plus le temps passer, je m’amusais comme une folle devant ce mur, jusqu’à que j’entende quelqu’un sonner à la porte. Il devait être trois heures du matins, alors je pris ma batte de baseball et demanda qui sonnait à ma porte, il n’y eut aucune réponse, mais j’entendais quelqu’un respirer assez fort, je reposai ma question, et quelqu’un me répondis « c’est moi, c’est Lucie, je viens de perdre les os, et Marc n’est pas là, il a été appeler pour une urgence, j’ai besoin de toi ». En panique j’ouvris la porte, pris mes clés de voitures, et fila direction l’hôpital.
Sur le chemin, j’appela Marc, pour le tenir au courant, il était pompier, et je sais que même s’il était au travail, il ne manquerait l’accouchement de sa femme pour rien au monde.
A l’hôpital, je vécu mon pire cauchemar, Marc n’allais pas être présent dès le début, alors je devais rester avec Lucie pour la soutenir. J’avais mon masque et des gants pour éviter de la contaminer, et j’étais juste là, à la voir hurler. Je sentais monter les pâtes de Squeezie, et je ne voulais qu’une chose, allez vomir.
Heureusement, Marc arriva, mais malheureusement, il voulut que je reste, pour que je sois la première à voir leur bébé.
L’accouchement dura toute la soirée, c’était horrible, je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, mais si je m’endormais maintenant, j’allais faire des cauchemars.
Arriver vers mon immeuble, je me garai, et lorsque je marchai dans la cour, Thomas me vit et me dit :
- Et bah, j’en connais une qui à fais la fête toute la nuit
- Hahahah oui bien sûr et avec qui abruti ?
- Abruti ? et bah j’en connais une qui est de mauvaise humeur
- Et bah j’en connais un qui…
Avant que j’aie le temps de finir ma phrase, Franck et Marie m’appelèrent depuis leur balcon :
- Et Lili, alors comment s’est passé l’accouchement ?
- Bien, bien il s’est bien passé
- T’étais à l’hôpital ? me dit Thomas
- C’est une fille ou un garçon ? me demandèrent Franck et Marie
- Qu’est-ce qu’il se passe, c’est quoi tout se bruit ? se plaignait Mr Depardieu
- Ce n’est rien Mr Depardieu, vous pouvez retourner chez vous
- Il y a quelqu’un dans votre appartement, me dit Jiji
- C’est une petite fille du nom de Lydia et oui j’ai passé ma soirée à l’hôpital, parce que Marc avait une urgence de pompier.
Alors que je me retournai pour aller vers mon immeuble, je criai vers jiji :
- Attends, qu’est-ce que tu as dit Jiji ?
- Je crois qu’elle a dit qu’il y avait quelqu’un dans ton appartement. Me répondit Thomas tout tranquille
- Quelqu’un dans mon appart ? quoi mais comment ça ?
- Bah je pensais que tu le connaissais, il est arrivé tôt ce matin.
Je me mis à paniquer, je courus dans mon appart, j’ouvris la porte et me mis à hurler « sortez de chez moi ou j’appelle les flic ». La personne en question, s’avança vers moi, mais je ne voyais pas qui c’était parce que je n’avais pas mes lunettes. Ses mains en l’air, il me dit « c’est moi, chérie c’est moi ». J’avais paniqué pour rien, cet étranger en question n’était autre que Jeff, mon merveilleux et magnifique petit copain.
Chapitre 6
Jeff était revenu, et malheureusement pour moi, j’étais hideuse, je puais, j’étais fatigué. Si seulement il m’avait prévenu, je me serais un minimum préparé.
Lorsqu’il me vit, il avait l’air différent de d’habitude, comme-ci il me cachait quelque chose, il avait un aire de coupable, mais coupable de quoi ? ça je ne sais pas.
Il me regarda, tout gêné, et me dit :
- Ça fait combien de temps que tu n’as pas regardé ton téléphone ?
- Et je n’en sais rien ! j’ai été occupée toute la nuit, Lucie à accoucher et…
- Donc du coup tu n’as rien vu ?
- Vu quoi ?
- Bah regarde ton téléphone, me répondit-il avec une voix forte
- Bah j’ai plus de batterie, mais je regarderais dès qu’il en aura c’est bon.
- Lili, tu dois regarder tes messages maintenant
- Quoi ? y a quelqu’un de mort ?
- Non
- Bah alors ça peut attendre, c’est bon
Il se retourna, se dirigea vers le salon, et s’assit sur le canapé. Il ne parlait pas, ne me regardais pas, ne faisais aucun bruit. Il était assis là, sur mon canapé, à regarder partout autour de lui, sans aucune réaction, ni aucune émotion.
Je mis mon téléphone à charger à côté et lui demanda :
- Qu’est-ce qu’il se passe ? tu vas bien ?
- C’est ce changement ? me dit-il d’un ton ferme
- Bah... eh... j’avais envie de changer.
- Je n’aime pas la couleur
- Ah bah...
- Et c’est quoi ce truc moche sur ton mur ?
- Eh...
- T’as fait ça toute seule ?
- Bah...
- Ne te lance pas dans décoratrice d’intérieur, tu ne réussirais pas
- Eh je n’y comptais pas mais merci du conseil
Il y eut la petite musique de mon IPhone, qui se ralluma
- Regarde il remarche
- Oui j’ai entendu
- Bah regarde ton téléphone
- Bah attend deux secondes
Je mis mon code, ma sim, et vit pleins de notification, dont une qui était du travail. Le mail disait :
Bonjour Mme Tindall,
J’ai le regret de vous annoncer, que nous sommes en l’obligation de vous licencier.
A cause de cette crise, nous devons nous séparer de vos services, et garder les plus compétents et les plus expérimentés.
J’espère que vous comprenez notre choix, et j’espère que vous comprenez qu’à partir du mois prochain vous ne toucherez plus de salaire, et que vous serez dans l’obligation de rendre votre badge, ainsi de récupérer vos affaires.
Bonne continuation a vous,
Cordialement,
L’équipe TF1
- Quoi ! mais c’est quoi ça ?
- Alors t’es gardée ? t’es virée ?
- Je suis… je suis virée ! c’est pour ça que tu avais hâte que je voie mes mails
- T’es virée
- Oui, je suis virée, oh mais ce n’est pas vrais, je suis virée, mais je vais faire quoi moi maintenant, Jeff, je fais quoi, je ne peux pas continuer à payer le loyer si je n’ai plus de travail, je ne peux plus payer ma nourriture. Et toi tu ne dis plus rien, alors que tu ne t’arrêtais pas y’a quoi, deux minutes !
- Calme-toi
- Calme-toi, non mais tu te fou de moi, tu me stress pour que je puisse voir mes notifications, je découvre que je suis virée et toi tu me demande de me calmer, mais tu te fous vraiment du monde.
Il y eut un moment de calme, et de silence, les larmes coulaient toutes seules, puis quelqu’un toqua à la porte :
- Lili, c’est Marc
Je séchai mes larmes, et ouvris la porte :
- Ah salut, mais qu’est-ce que tu fais là ?
- Ah je viens chercher des vêtements propre, et je voulais te remercier pour hier, tu nous as été d’une grande aide.
- Ah bah de rien, c’est ce qu’on fait entre voisin.
- Non vraiment, tu es restée avec Lucie pendant mon absence, alors merci beaucoup pour cela
- Et bah de rien, encore une fois c’est normal
Il partit, je fermai la porte, et Jeff pris ses affaires et se dirigea vers la porte :
- Non mais tu vas où ?
- Écoute je dois y aller ?
- J’ai besoin de toi, on ne s’est pas vu depuis un mois, et là tu décides de m’annoncer une mauvaise nouvelle et de partir ?
- Oui
- Non mais t’es sérieux ?
- Écoute, je voulais le faire en personne, ça m’évitait de le faire par tél, et ça t’évite de te faire Zumper.
- Quoi ?
- T’es virée, je suis gardée, je travaille avec une fille depuis le début du confinement et...
- Une fille ?
- On est devenu plus qu’ami
- Ami ?
- Et donc du coup, comme cela ne se fait pas de te tromper, je préfère rompre, et ça tombe bien, on ne travaille plus au même endroit, donc tout est bien qui finis bien
- Quoi ? attend quoi ? je ne comprends rien ?
- C’est simple, on est plus ensemble, c’est fini
- Fini ? je suis venue vivre ici parce que tu me l’as demandée
- Je sais, c’est bête mes des fois les relations ne sont pas faites pour durer
- Les relations ne sont pas faites pour durer ? pardon ?
- Avoue, cela fait un moment que les choses ne vont plus entre nous, et le confinement m’a fait réfléchir, c’est mieux qu’on soit séparés
- D’accord, très bien, dégage, je ne veux plus te voir
- Ne le prend pas comme ça bébé
Je lui donnai une claque, et lui dit en souriant : « je ne suis pas ton bébé gros c** »
En une seule, et simple journée, je venais de perde mon emploi, et mon petit copain. Au moins, je n’allais pas faire de cauchemar de l’accouchement.
Je me mis sous ma couette, ma boîte de mouchoir à côté et pleura, encore et encore, je ne voulais plus rien faire, je voulais rester dans mon lit, à écouter des musiques tristes et pleurer, j’étais épuisée, je n’en pouvais plus.
Chapitre 7
J’étais là, dans mon lit, sous ma couette, immobile. Des gens toquaient à mon appartement, mon téléphone sonnait, mais je ne bougeais pas, je restais là, dans mon lit sans bouger, immobile.
Je ne voulais rien faire, le seul moment où je me levais, c’était pour aller faire pipi, mais sinon, je ne mangeais pas, ne dormais pas, ne me lavais pas, ne bougeais pas.
Depuis mon lit, je pouvais sentir que le soleil était revenu, son rayon venait toucher mon visage. Je pouvais entendre les voisins se réunirent à nouveau sur leur balcon. Je pouvais entendre les oiseaux chanter, je pouvais entendre le chat miauler, et je pouvais entendre Marc ou Lucie ou Franck ou Marie toquer à ma porte. Je restais là sans bouger, immobile.
Un matin, alors que j’avais prévu d’avoir la même journée que mes deux derniers jours, j’entendis quelqu’un rentrés dans mon appartement, je me levai, pris ma batte de baseball et couru vers ma porte, j’hurla, et Thomas accompagnée de Jiji hurlèrent.
- Mais qu’est-ce que vous faites là ?
- Je n’en sais rien, je n’avais pas le choix, me répondit Thomas
- On s’inquiétait, me dit Jiji avec sa douce voix tremblante
- Vous vous inquiétiez ?
- Oui ma chère, tu ne te montre pas sur ton balcon, c’est très bizarre
- Oh c’est quoi cette odeur, y’a quelqu’un qui est mort ou quoi ? dit Thomas au loin
- Personne ne nous prend en photo, ou en vidéo, ou met de la musique
- Merci d’être venu mais ça va
- Sur ? t’as vu l’état de ton appart, et wow ton état, ah et on odeur aussi ?
- Bah oui, il est très bien, et je suis très bien
- Ah bon, parce qu’en te regardant je me dis que j’ai trouvé le cadavre.
- Hahahahha mais t’es super drôle, tu t’es vu toi, t’es tellement blanc, qu’on dirait un fantôme
- Bah bien, m’insulter sur ma couleur de peau c’est très mature
- Oh cela suffit, Thomas retourne chez toi, Lili peu veiller sur moi
- Je ne suis même pas sûr qu’elle peu veiller sur elle-même, alors...
- Thomas
- Très bien, salut tout le monde...
- Bon que ce passe-t-il Lili ?
- Rien Jiji, promis, je vais très bien
- Tu sais, bien que Thomas ait été méchant, il avait raison
- Merci Jiji
- Allez va prendre une douche, et je te prépare un repas.
Comme je n’avais pas vraiment le choix, je pris ma douche, et j’avoue que cela faisait extrêmement de bien, je me sentais propre et pleine d’énergie.
Lorsque je sortis de la douche, je sentis cette bonne odeur, je me rendis dans la cuisine et Jiji m’avais préparé un plat succulent : des pâtes avec du pesto à la tomate.
Pendant que nous mangions, on parla beaucoup, et je lui racontai tout concernant Jeff et mon travail, puis elle insulta Jeff et me proposa encore une fois de créer mon blog.
Comme il se faisais tard, je raccompagnais Jiji à son appartement, retourna chez moi, et me posa sur mon balcon, et alors que je lisais tranquillement mon bouquin, j’aperçu Thomas sur son balcon. Je n’osais pas lui dire bonjour, mais du coin de l’œil, je voyais qu’il bougeait la tête en regardant vers mon côté, comme-ci il vérifiait si c’était bien moi sur mon balcon, puis j’entendis un sifflement :
« Salut, l’américaine »
Je trouvais cela bizarre qu’il me dise salut, mais il venait vraiment de me siffler ?! alors sous un ton ferme je lui répondis :
« Tu viens de me siffler ? »
Il me répondit en rigolant :
« - oui, mais ne le prend pas personnellement
- Pas personnellement ? pourquoi je le prendrais personnellement ?
- Je ne sais pas, ehmm, tu m’as l’air un peu…. Susceptible
- Hahahaha, ça me rappelle quelque chose cette discussion
- T’as vu, je sais ce qui te fais perdre la tête
- Ouais, trop bien
- Alors vu que tu n’étais pas ce cadavre en décomposition, tu l’as trouvé ?
- Alors figure-toi que tu avais raison
- Attend-tend, répète, je crois que je ne pas bien entendu
- TU AVAIS RAISON, j’étais ce cadavre en décomposition.
- C’est triste, j’espère que maintenant tu sens meilleur
- Eh ouais je crois
Il poussa un grand soupir :
- Bon alors c’était quoi ce comportement ?
- Ce comportement ?
- Toi, en cadavre ? il a rompu ?
- Quoi ? non, mais comment tu sais ? Jiji ?
- Non elle n’a rien dit, il est venu chez toi à l’improviste et il est repartie l’heure d’après, et toi tu n’es plus sortie.
- T’observes bien, c’est cool.
- Ça va ?
- Oui, maintenant oui, je me sens bête d’avoir réagis comme ça
- Oui, ce n’est pas mature
- HA-HA-HA, je crois que c’est le fait que je n’ai plus de travail qui me rend triste
- Tu n’as plus de travail ?
- Non, ils m’ont virée, je ne sais pas quoi faire maintenant.
- T’as le temps d’y réfléchir
- Mouais, ne suis pas trop sûr
- Allez debout.
- Quoi ?
- Debout, met toi debout et hurle, hurle toute tes tripes
- Pourquoi je le ferais ?
- AHHHHHHHH
- Mais pourquoi ?
- Ah je me sens mieux, je me sens libre, à toi
- Non
- Allez
- Non je ne fais pas ça, j’ai quand même de l’estime pour moi-même
- Mais allez
- Je te laisse, salut bonne nuit.
Les jours qui suivirent, je restais sur mon balcon, et parlaient avec mes voisins, et hurlaient sur ceux qui ne respectaient pas le confinement.
Je reprenais mes vieilles habitudes, et essayaient de penser à autre chose, que mon statut de sans emploi.
Chapitre 8
Retourner sur mon balcon, retrouver le soleil et le beau temps, profiter de mes voisins, préparer des bons petits plats avec Cyril tous les soirs m’avais manqué.
Être avec mes voisins m’avait manqué, passez du bon temps avec eux m’avais manqué.
Alors que je pensais m’être fais des amis au travail, avoir un petit copain parfait, et enfin m’être faite une place, dans ce pays qui n’est pas le mien, je me suis rendu compte, que je n’avais rien de tout ça.
La seule chose que j’étais sure, sont que mes voisins sont la chose qui m’importe le plus maintenant.
Ils avaient fait les travaux avec moi, je rigolais à chaque instant avec eux, ils ont pris soin de moi, depuis mon balcon, alors que je n’étais qu’une étrangère.
Tous m’ont accepté telle que j’étais, sans me juger, sans m’exclure, ils m’ont intégré à leur groupe.
Les chose s’arrangeaient pour moi, je préférais ne pas penser à l’après, mais je restais concentrer sur le présent, et je profitais au maximum de chaque moments, de chaque rire, de chaque cris, de chaque pleurs.
Tandis que je retrouvais le sourire, le 13 avril, Emmanuel Macron annonçais le déconfinement progressif. On pouvait enfin commencer à sortir de chez nous, et se balader. Cette nouvelle nous avaient tous ravi, on se voyaient tous déjà aller chez Bruno, pour pouvoir gouter à son barbecue, et se rendre chez Mr Depardieu, pour prendre un apéro, même si encore une fois je ne bois pas.
Tout était prévu, nous avions déjà passer près de deux mois en confinement, ils ne nous restaient encore trois semaine avant d’être déconfinés, et encore une fois, tout était prévu.
Nous avions un grand programme qui nous attendaient, mais les choses ne se sont pas passés comme prévu ces trois dernières semaines.
La santé de Jiji s’aggravais, Thomas ne pouvais plus rentrer chez lui, car s’il laissait Jiji toute seule une seconde, elle pouvait tomber, se cogner où faire quelque chose de dangereux.
Jiji ne mangeais plus, Thomas étais obliger de la forcer, elle ne pouvait plus marcher toute seule, et commençais à avoir des trous de mémoires, elle ne se rappelait même plus de son chat, qui du coup restait chez moi.
Nous ne les voyons plus, tous les soirs a vingt-heure, applaudir pour les soignants, nous ne les voyons plus, non plus, pour les repas avec Cyril, alors que Jiji le trouvais très mignon.
Sa santé s’aggravais, on le voyait tous, on savait tous que son heure n’allait pas tarder, mais on espérait tous au fond qu’on avait tort.
Ce soir-là, je ne pouvais pas dormir, je pensais à mon avenir, mais aussi parce que le chat de Jiji n’arrêtait pas de me miauler dans l’oreille.
Tandis que j’essayais de fermer les yeux, et d’essayer de dormir, je vis des lumières bleus retentir de tous les côtés, et le bruit des sirènes qui résonnaient dans tous le quartier.
Je mis mes lunettes, couru dans mon appartement pour ouvrir la fenêtre de mon balcon, et m’y rendit.
Ce soir-là, je n’étais pas la seule à ne pas pouvoir dormir, les sirènes nous avaient tous réveillé, et nous étions tous là, poser sur nos balcon à essayer de comprendre ce qu’il se passait.
Après quelques minutes, nous vîmes sortirent de l’immeuble un brancard et deux ambulanciers qui le poussais.
Il y avait une personne sur le brancard, mais nous ne vîmes pas son visage, car son corps était recouvert d’un sac mortuaire.
L’immeuble était celui de Jiji et de Thomas, nous n’étions pas bêtes, nous savions, nous nous doutions que quelque chose était arrivé à Jiji, mais encore une fois, personne ne voulait se l’imaginer.
Voir partir l’ambulance, voir le visage de Thomas, rempli de larme, et voir l’appartement de Jiji complètement éteint, nous comprîmes assez vite la situation.
Nous étions tous sur nos balcons, tous pleurant, ne sachant quoi faire, ni quoi dire. Personne ne bougeait, personne ne parlait, personne ne rigolait, personne ne souriait, nous étions tous là poser sur nos balcons, immobile et rempli de chagrin.
Alors que j’étais assise sur mon balcon, le chat de Jiji n’arrêtais pas de me coller, j’essayais de le pousser, mais il revenait tout le temps, je lui balançai des objets sur lui, mais il ne bougea pas, il était là en train de me fixer, et s’allongea à côté de moi. Je me répétais sans cesse que Jiji n’étais plus là, que je ne la reverrais pas, que je n’ai même pas pu lui dire au-revoir.
Ce jour-là fût extrêmement compliqué, émotionnellement, pour nous tous. Aucun de nous se rendit sur son balcon à dix-neuf-heure et aucun de nous n’applaudit les soignants à vingt-heure, enfin aucun de nous à part un.
Alors que nous étions tous en deuil, nous entendîmes des sifflements et des applaudissements à l’extérieure. Je m’y rendis la première pour voir ce qu’il se passais, et c’était Thomas qui applaudissait. Les voisins sortirent tous petit-à-petit, et tous se demandèrent ce que faisais Thomas, et comme personne n’osais lui poser la question, je lui demandai :
- Pourquoi tu fais ça ?
- Fais quoi, l’américaine ?
- Pourquoi tu applaudis ?
- Pour les soignants, c’est une habitude
- Oui mais...
- Oui mais quoi Lili ?
- Je pensais qu’aujourd’hui on…
- On quoi ? on n’applaudirait pas ? et pour quelle raisons ?
- Tu sais très bien pour quoi ?
- Non Lili, je ne sais pas, éclaire moi là-dessus ?
- Pour, parce que… malgré le fait que j’aime parler, je ne pouvais pas le dire, c’était trop dure
- Parce que Jiji est morte, c’est pour ça Lili ?
- Pardon ?
- Tu penses, qu’il ne faut pas applaudir parce que Jiji est morte ?
- Oui, je ne trouve pas ça respectueux.
- Des gens meurent tous les jours, et les soignants, les médecins font leur possible pour les sauver, il faut les remercier pour ça, on ne les a jamais remerciés pour ça
- Tu vas bien ?
- Non, non je ne vais pas bien, mais je suis sûr que Jiji va venir nous hanter, parce que nous sommes tous en train de se morfondre.
Alors que je ne savais plus quoi dire, Mr Depardieu leva son verre et hurla pour Jiji, tous prirent un verre, le levèrent et crièrent « POUR JIJI ».
On entendait que ça dans tout le quartier, ce n’étais pas des applaudissements, ni des pleurs, ni des rires, c’était notre reconnaissance, notre reconnaissance à tous, nos remerciements à Jiji. Tous réunis sur nos balcons à crier « POUR JIJI », et à lever nos verres. Jiji nous avais rassemblé, et grâce à elle, je venais de trouver une nouvelle famille. Jiji nous avais tous donner, tout apporter, elle nous a changé, nous a unis, nous a réunis, c’était à notre tour de lui rendre hommage.
Après avoir hurler son nom, Thomas commença à chanter :
- Hier encore, j'avais vingt ans, je caressais le temps J'ai joué de la vie Comme on joue de l'amour et je vivais la nuit Sans compter sur mes jours qui fuyaient dans le temps J'ai fait tant de projets qui sont restés en l'air J'ai fondé tant d'espoirs qui se sont envolés Que je reste perdu, ne sachant où aller Les yeux cherchant le ciel, mais le cœur mis en terre
Puis, nous commençâmes à tous le suivre :
- Hier encore, j'avais vingt ans, je gaspillais le temps En croyant l'arrêter Et pour le retenir, même le devancer Je n'ai fait que courir et me suis essoufflé Ignorant le passé, conjuguant au futur Je précédais de moi toute conversation Et donnais mon avis que je voulais le bon Pour critiquer le monde avec désinvolture Hier encore, j'avais vingt ans mais j'ai perdu mon temps À faire des folies Qui me laissent au fond rien de vraiment précis Que quelques rides au front et la peur de l'ennui Car mes amours sont mortes avant que d'exister Mes amis sont partis et ne reviendront pas Par ma faute j'ai fait le vide autour de moi Et j'ai gâché ma vie et mes jeunes années Du meilleur et du pire en jetant le meilleur J'ai figé mes sourires et j'ai glacé mes pleurs Où sont-ils à présent? À présent Mes vingt ans
Cette chanson n’était pas la plus joyeuse, mais c’était sa chanson, elle l’écoutait et la chantais tout le temps. En la chantant tous en chœur, on pouvait la voir sur son balcon chanter avec nous, c’était son hymne, et maintenant il était le nôtre.
Chapitre 9
Le déconfinement approchait très vite, et il ne restait que quelques jours, et je ne savais pas ce que je devais faire : rentrer chez moi, aux États-Unis, avec ma famille, où essayer de me trouver un nouveau travail ici, mon nouveau chez moi ?
Je devais tout avouer à mes parents, et c’est ce que je fis, ils ne me jugèrent où me critiquèrent pas, mais ils voulurent que je rentre à la maison à tout prix.
Tandis que j’étais en pleine réflexion sur ma vie future, sur ma carrière, Thomas me fit une proposition des plus intéressantes, mais glauque à la fois.
La famille de Jiji ne voulait pas venir dans son appartement pour le vider, alors ils ont demandé à Thomas de la faire, mais comme Thomas ne pouvais pas le faire tout seul, il me demanda de l’accompagner.
J’ai été sa colocataire pendant quelques jours, et c’était très bizarre de retourner chez elle dans de telle circonstance. Elle m’avait proposé un tout nouveau travail, et elle était devenu ma première et ma plus grande fan.
Lorsque nous nous retrouvèrent là, dans l’appartement de Mamie Jiji avec Thomas, nous nous sentions tout bizarre, nous ne savions pas vraiment par où nous devions commencer, et surtout ce que nous étions supposées faire.
Nous commençâmes à remplir les cartons, et à mettre toutes les affaires dedans, on pouvait voir des photos de sa famille, de son mari, de ses enfants, mais celle qui me toucha le plus, c’était celles poser sur son chevet. Il y avait deux photos : la première, c’était celle de Thomas et d’elle sur le balcon, puis la seconde, c’était une photo de moi, son chat et elle, que j’avais prise, dans le peu de temps où j’étais avec elle.
Alors que des larmes coulaient sur mes joues, Thomas mis sa main sur mon épaule, et me dit tout bas : « tu sais quoi, Jiji t’adorais, elle te considérait comme sa fille, elle n’arrêtait pas de me parler de toi, bon elle voulait me caser avec toi, mais elle t’admirait beaucoup, pour elle, tu es quelqu’un d’unique sur qui elle pouvais compter ». Après m’avoir dit ces mots, il sortit de la pièce. Je me retrouvais seule dans sa chambre, à méditer et à regarder cette photo.
Tandis que nous venions de passer notre journée à vider, et à nettoyer l’appartement de Jiji, Thomas et moi, nous posâmes sur le canapé. Il ferma ses yeux et je lui demandai :
- C’est vrai ce que tu as dit tout à l’heure ?
- De ?
- Ce que Jiji pensais de moi ?
- Ce que Jiji pense de toi tu veux dire ?
- Oui
- Oui, c’est vrai, et c’est aussi ce que je pense de toi
- Vraiment ?
- Bah oui, pourquoi ?
- Bah je ne sais pas, je pensais que tu ne m’appréciais pas plus que ça
- Alors oui, gênée, au début je ne t’aimais pas, mais j’ai appris à te connaître, et t’es plutôt cool
- Plutôt cool, en hochant la tête
- Et moi alors ? tu penses quoi de moi, l’américaine ?
- Eh, bah je ne sais pas trop
- Géniale
- Non, je rigole, moi aussi je ne t’appréciais pas plus que ça, mais j’ai aussi appris à te connaître et t’est plutôt cool
- Plutôt cool, un, en hochant la tête
Il y eut quelques minutes de blancs, puis il reprit la parole :
- Tu comptes faire quoi après ?
- Comment-ça ?
- Tu n’as plus de travail, ni de salaire et ni de petit-copain
- Merci de me le rappeler c’est cool
- Non, mais tu vas retourner chez toi ? si t’as les papiers américains tu peux retourner chez toi assez vite.
- Ouais je sais, mes parents veulent que je revienne
- Et toi ? toi tu veux quoi ?
- Je ne sais pas
- Tu ne veux pas continuer ta carrière de caméraman ?
- Je ne sais pas
- Cool tes réponses
- Bah je n’en sais rien, j’ai fait plein de chose pendant le confinement, et là, bah je n’ai pas envie de refaire caméraman, je veux trouver quelque chose qui me corresponde vraiment
- C’est ton avenir, pas le mien, mais si je pouvais te donner un conseil, ce serait de retourner chez toi, revient au base, et trouve ce que tu veux faire, puis reviens ici, si tu en a toujours envie.
- Tu penses qu’il faut que je rentre ? ce n’est pas parce que tu ne veux plus me voir ?
- Ce serait un bonus
Nous étions tous les deux, assis-là, sur ce vieux canapé, à réfléchir. Je rentrai tard ce soir-là, et je ne pouvais pas dormir. Je repensais à notre discussion et celle que j’avais eu avec Jiji.
Je me mis devant mon ordinateur, et regarda tout ce que j’avais fait pendant le confinement. Pensant que je n’avais rien fais, j’avais fait beaucoup de chose, je m’étais découvert des tout nouveaux talents, fais de nouveaux amis, et j’avais pour la première fois depuis longtemps, pris du temps pour moi.
En visionnant encore et encore ces photos, et ces vidéos, le conseil de Thomas tournait en boucle dans ma tête. Il fallait que je rentre chez moi, il fallait que je me reconcentre sur ce que je veux faire, sur mes buts, sur mes objectifs.
Nous étions le dimanche 10 mai, le jour avant le déconfinement, le dernier jour à faire la fête depuis nos balcons, à prendre des apéros de loin, et à manger un barbecue depuis nos balcons. Nous allions célébrer le dernier jours, et je comptais annoncer à tout le monde mon départ.
La musique à fond et tout le monde qui rigolaient et chantaient, je demandai leur attention et leur expliqua tout, mes choix, ma décision. Au début ils furent tristes, mais ensuite ils levèrent leur verre pour ma réussite mais aussi pour mon retour.
Thomas me regarda au loin et me fit un hochement de tête avec un sourire, je venais de voir pour de vrais ses dents.
Le soir, je comptais profiter de mon balcon pour la dernière fois, et bien sûr Thomas était en face. On parla beaucoup ce soir-là, il me rappela notre Battle, et qu’il pense que c’est lui qui a gagnés, mais aussi nos discussions sur nos balcons, qui allaient beaucoup me manquer. Tandis que nous parlions et rigolions, le chat de Jiji venais m’embêter, et c’est à ce moment-là, que je décidai de faire une petite surprise à Thomas avant mon départ.
Nous étions enfin le lundi 11 mai, un jour tant attendu par tous les français et un jour tant redoutés pour moi.
Je regardai partout autour de moi, mon appartement était emballé, tout prêt et tout beaux pour le prochain qui vivra ici. Je l’avais laissé, avec ces nouvelles peintures, un beau bleu, et un beau mur blanc, avec au milieu un gribouillis qui donne beaucoup de cachet à la pièce.
Avant d’officiellement partir, je déposai le chat gros et ronchon de Jiji chez Thomas, qui ne fût pas très enthousiasme de le voir.
Je sortis de l’immeuble, et marcha, avec mes bagages dans la grande allée qui regroupaient tous les immeubles, de tous mes voisins.
Tandis que je marchais, j’entendis quelqu’un siffler :
- Hey, au-revoir l’américaine
- Salut Lili
- Bonne continuation la sobre
- Montre à tes parents comment faire un bon barbecue
- Regarde, choupette, c’est elle qui a amené maman à l’hôpital, lorsque j’étais sur le point de t’avoir
- Allons enfants de la patri…..e le jour de gloire est arrivé…
Ainsi, je les observais, chacun, tous me faisant leur révérence, et moi faisant la mienne.
Je continuais à marcher, et je les entendais siffler et applaudir, je les entendais tous, même Mamie Jiji, je la sentais, je savais qu’elle était là, et qu’elle sera toujours là pour moi, qu’importe l’endroit où je serais, elle sera mon ange gardien.
D’autre ont mal vécu le confinement, mais moi je l’avais très bien vécu. Tout à commencer avec une stupide télé-réalité sur Netflix, et tout s’est finis avec des adieux.
Même si j’étais triste de partir, le confinement m’avais rappelée qui j’étais, et même si je ne savais pas encore qui je voudrais devenir, je savais que j’allais le découvrir, et tout ça grâce à mes Voisins d’en Face.
Comments